Bernaskoni

THE GOOD LIFE.

Matrex, l’immeuble multifonctions qui aurait pu passer à la trappe.

Skolkovo, à l’ouest de Moscou. C’est ici que Matrex a vu le jour. Une tour pyramidale qui se transforme en poupée russe une fois la nuit tombée…

Depuis 2009, le gouvernement russe tente de faire émerger une Silicon Valley sur son (immense) territoire. C’est à Skolkovo, près de la capitale, que les autorités ont décidé d’implanter un parc technologique, qui a signé depuis plusieurs partenariats avec Microsoft ou Ericsson, entre autres. Le problème? La skyline de cette commune rurale n’avait rien en commun avec celle de San Francisco. Autrement dit, tout était à construire.

Après une première tour d’envergure en 2012, l’Hypercube, le centre de recherche et développement Skolkovo a fait appel au même architecte, Boris Bernaskoni, pour son bâtiment principal. Sorti de terre en 2018, Matrex est un complexe qui accueille des bureaux pour les startups locales mais aussi un musée, des cafés, une salle de sport, un centre de conférence, un restaurant…

Contraction de «matryoshka» (les poupées russes), «matrix» et «rex» (roi), Matrex est une pyramide sans pointe. Il contient une autre «tour dans la tour» qui représente une poupée russe justement. Sa silhouette s’illumine la nuit, donnant l’impression qu’elle flotte dans le vide. Bernaskoni explique ce choix à The Good Life: «Nous avons combiné deux fonctions en un seul building, l’art et l’entrepreneuriat. Ainsi, la matryoshka est un espace public utilisé pour des expositions et des performances artistiques, la pyramide pour les startups».

En effet, l’immeuble est multifonctions.

Et modulable! L’espace d’exposition au 10e étage, le hall de la matryoshka et une partie du lobby peuvent se transformer suivant les événements qui sont organisés dans le building. L’Hypercube, lui, est totalement personnalisable. Mais «le Matrex possède un design unique, une esthétique particulière, alors que l’Hypercube a été créé avec l’aide de logiciels et d’une intelligence artificielle» détaille son architecte.

En résumé, quand l’Hypercube a surtout été pensé pour être pratique, Matrex est destiné à devenir un «monument». Un lieu de destination. Et ce alors qu’il aurait pu ne jamais sortir de terre! «Le projet d’une tour matryoshka est né dans ma tête au début des années 2000, explique Bernaskoni, au départ, je l’ai dessinée pour une compagnie japonaise basée à Kyoto. Le projet n’a pas abouti. Alors j’ai commencé à faire le tour du monde avec mes maquettes, jusqu’à ce qu’il devienne Matrex en 2012 et se retrouve à Skolkovo six ans plus tard!» Fier de son projet, il l’avait présenté, en 2016, à la Biennale de Venise.

Près de 20 ans d’acharnement qui permette aujourd’hui à Boris Bernaskoni de parcourir les 500 mètres de la spirale dans le ventre de sa poupée russe avec le sentiment du devoir accompli…